Road trip dans le Sud Lipez
- Pauline et Pierre
- 14 oct. 2019
- 7 min de lecture
Le Sud Lipez est une région où la magie opère du début à la fin, avec des paysages infinis, un ciel invariablement bleu, un désert de sel à couper le souffle et des lagunes multicolores.

Il y a deux façons de visiter le Sud Lipez et le Salar d'Uyuni. La première est de faire un tour de 3 jours en partant d'Uyuni. C'est le tour traditionnel, ce qui se traduit par une foule de 4x4 qui se suivent et beaucoup de touristes sur les sites à visiter.
La deuxième option, que nous avons retenue, est de partir de Tupiza pour un tour de 4 jours. Dans ce cas, le trajet se fait en sens inverse de tous les 4x4 en provenance d'Uyuni et permet d'être beaucoup plus tranquille sur la route.
Le principe est de constituer un groupe de 4 à 6 personnes, accompagné d'un guide et d'une cuisinière. Afin d'être à l'aise dans le 4x4, on voulait partir à 4. Sur le groupe des backpackeuses en Amérique Latine, on a ainsi trouvé deux filles, Justine et Sibylle en voyage pendant 3 mois, qui souhaitaient partir de Tupiza le même jour que nous. Parfait, notre groupe de 4 était constitué.
Nous avions prévu une journée à Tupiza pour démarcher les agences et organiser le tour. À notre arrivée à Tupiza en fin d'après midi, un couple de français, Laetitia et Grégory, nous interpelle et nous demande dans quel hôtel on va. Comme d'habitude, on n'a pas de réservation et on décide de les suivre. On sympathise très rapidement. Ils nous expliquent avoir réservé leur tour avec l'agence Alexendro, dont le départ est programmé le lendemain. On se dirige alors tous les 4 à l'agence, Laetitia et Grégory pour confirmer leur tour et nous pour glaner des informations.
Une fois à l'agence, grosse surprise pour nos compagnons parisiens, les deux autres personnes de leur groupe ont annulé du fait d'un blocage de la ville Uyuni prévu dans 2 jours. Il s'agit d'un mouvement de protestation de la population contre les élus actuels qui dure depuis plusieurs semaines. Les mouvements de grève et blocages des routes sont fréquents en Bolivie. En d’autres termes, nous risquons tous d'être bloqués à Uyuni pour une durée indéterminée. Pas très cool pour nous et encore moins pour Laetitia et Grégory qui ont un avion à prendre pour la Paz. Par ailleurs, repousser la date de notre départ dans le Sud Lipez n’est pas non plus une solution car les blocages sont réputés s’intensifier de jour en jour.
Le gars de l’agence nous explique que si nous décidons de partir dès le lendemain matin, nous avons une chance de passer à travers les blocages. Il nous faut donc prévenir Sibylle et Justine, encore dans le bus en provenance de l'Argentine. Cela veut également dire partir à 6 personnes. Mais on sent bien le groupe, nos 4 potentiels partenaires ont tous l'air bien sympathiques. C'est parti, on signe pour un départ le lendemain matin. Suite aux recommandations de plusieurs voyageurs, nous demandons à partir avec les guides Alejandro ou Rosario.

C’est finalement Jésus (dit « Résouusss ») qui nous accompagnera pendant ces 4 jours. On réalisera plus tard qu’on a eu beaucoup de chance de tomber sur lui. Jésus est très sympathique, souriant, patient, aime bien poser des questions « graciosa », à la cote auprès des cuisinières et nous offre des sucettes et du chocolat ! Il a contribué à la bonne ambiance du groupe et à la réussite de notre tour !
C'est ainsi que le samedi 5 octobre à 8 h du matin, nous prenons la route à 7 dans un 4x4. Pour ce premier jour, il faut avaler plus de 400 km de piste. Jésus nous prévient qu'il y a peu d'arrêts aujourd’hui. On en a pour 12 à 13 heures de trajet... C'est long mais cela permet de faire connaissance avec nos compagnons de voyage. On s'arrête tout de même quelques fois pour admirer la vallée de la Lune, des troupeaux de Lamas, la Ciudad Encantada, sorte de massif sableux solidifié et sculpté par l'érosion, le Pueblo Fantasma, un ancien village Quechua de mineurs maintenant en ruine, et enfin la Lagune Morijon à 4850 m d’altitude.
L'organisation du tour est plutôt bien faite. Histoire de se dégourdir les jambes, notre chauffeur nous dépose et nous récupère un peu plus loin sur la route ou de l'autre côté des sites touristiques. C'est sympa, mais on réalise vite que les chocs thermiques entre la voiture et l'extérieur vont nous fatiguer malgré le peu d'activité physique.
A la tombée de la nuit, nous atteignons enfin Quetena Chico, notre étape du jour. En voyant le village, nous nous attendons presque à dormir sur des planches de bois avec des tapis en guise de couverture. Mais non, finalement, nous partageons un dortoir à 6 avec de vrais lits. Seul ombre au tableau, l'agence de voyage a oublié deux sacs de couchage... La nuit, les températures chutent en dessous de zéro et comme dit Gregory, ce n'est pas leur demi vitrage qui va isoler la chambre. Heureusement, il y a un lit inoccupé qui permet de compléter en couvertures. Ce soir là, il n'y a pas de douche dans l'auberge, ce qui nous donne une bonne raison pour se coucher tout habillé !
Le lendemain, on reprend la route après quelques morceaux de pain à la confiture. Et là... la jauge de température du 4x4 monte trop vite, trop haut. D'après Jésus, il y a peut-être un glaçon dans la tuyauterie qui empêche l'eau d'accéder au moteur pour le refroidir (oui oui, ici, le liquide de refroidissement c'est l'eau de la rivière... normal que ça gèle). On roule au pas, on s'arrête régulièrement pour vider le radiateur chaud et tenter de réchauffer la tuyauterie. Ça dure plus d'une heure mais heureusement Jésus est avec nous et on a une petite bouteille de coca pour prendre l'eau de la rivière et remplir le radiateur.
Une fois le problème résolu, on accélère pour découvrir des paysages plus variés et intéressants. On s'arrête tout d'abord aux lagunes Hedionda et Kollpa, remplies de flamands rose. L'objectif du moment est de réussir à les prendre en photo de près et en vol si possible, tâche qui s'avère assez difficile tellement ces volatils sont farouches. Nous poursuivons ensuite avec le Salar de Chalviri, le désert de Dali, puis les lagunes Blanca et Verde au pied du volcan Licancabur, qui marque la frontière avec le Chili. Le vert émeraude de la lagune est époustouflant.

Elle prend cette couleur seulement lorsqu'il y a assez de vent et qu'une réaction chimique a lieu avec l'arsenic contenu dans l'eau.
Vient enfin la pause déjeuner tant attendue, car elle est accompagnée d'un bain dans des eaux thermales à 37 degrés. C'est l'occasion de faire une bonne pause détente !
L'après-midi, il faut à nouveau faire beaucoup de route. Les langues se délient et les questions philosophiques de Jésus et Sibylle animent le voyage. Nous nous arrêtons pour voir des geysers et la lagune Colorada, rendue rouge par des micros organismes.
Le soir, nous dormons à Villa Mar où nous pouvons profiter d'une bonne douche chaude. Les repas commencent à être répétitifs avec l'oignon sous toutes ses formes et les frites dans la soupe.
Le lendemain matin, c’est pancakes au petit déjeuner. Pauline et Laetitia sont ravies, il ne manque plus que le verre de jus d'orange pressée. Le rythme de la journée est plus cool. Ça laisse du temps pour profiter des spots touristiques et faire plein de photos.
Au programme, il y a la vallée de rocas avec plein de formes bizarres, idéales pour des photos artistiques, la Laguna Vinto et la Laguna Negra, qui est un véritable havre de paix. Cette dernière fait penser à une oasis au milieu du désert avec une concentration importante d'animaux attirés par l'eau et la végétation plus dense qu'ailleurs.
On enchaîne ensuite avec le canyon anaconda. Il porte ce nom à cause du cours d'eau qui méandre au fond du canyon.
Le soir, on atteint enfin la périphérie du fameux Salar d'Uyuni. L'hôtel est construit en sel et le sol des chambres est entièrement constitué d'un tapis de gros sel. Peu de temps avant le coucher du soleil, Jésus nous emmène dans le Salar pour une séance photos au crépuscule. Les couleurs sont saisissantes et on s'amuse comme des fous !
Cerise sur le gâteau, on a droit à un apéro surprise avec des chips et du formage de chèvre arrosé de vin Bolivien. Certes, ce n'est pas le meilleur, mais la situation est tellement improbable et extraordinaire qu'on aurait pu rester là longtemps si le froid n'avait pas eu raison de nous.
En rentrant, le repas a un air de déjà vu. Au menu, c’est lasagnes d'oignons et frites froides, accompagné d’un cocktail multicolore, s’en est trop pour nos estomacs :)
Le réveil est prévu à 4 h pour rejoindre l'île aux cactus et admirer le lever du soleil. Il fait très froid et la nuit est courte, mais clairement ça vaut le coup. Les couleurs sont splendides, la vue à 360° sur le Salar inouïe. Nous avons une pensée pour ceux qui sont au boulot et là on se dit « on est pas mal! ». On enchaîne avec un petit dej’ du tonnerre : gâteau fait maison, beignets... Il n’y a pas à dire, on est quand même bien soigné (merci Jésus !).
Puis vient le moment fatidique des fameuses photos en perspective au milieu du désert de sel. Très vite, on se rend compte que c'est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît. Tous nos appareils refusent de faire le net à la fois sur un objet proche et une personne éloignée.
Heureusement, Jésus vient à notre secours, on finit par lâcher nos objets et s’amuser entre nous.
Cet arrêt photos annonce un peu la fin du voyage. Après un dernier stop pour voir la stèle du Paris Dakar, il est temps de quitter le désert et de rejoindre Uyuni pour notre dernier repas ensemble.
Voilà l'heure des adieux. Justine et Sibylle doivent rejoindre Sucre en bus le soir, Laetitia et Gregory vont finalement pouvoir prendre leur vol vers La Paz et de notre côté, nous sommes raccompagnés jusqu'à Tupiza par Jésus. Grand moment d'émotion qui nous rappelle pourquoi on aime autant voyager !
Superbe étape..... drapeau breton à l'honneur.....yes.....