Chaud chaud le Choco !
- Pauline et Pierre
- 10 août 2019
- 5 min de lecture
Le Choco, ce petit bout du monde au bord du pacifique, entre jungle et océan, a été un émerveillement de tous les instants. Entre les spectaculaires baleines à bosse, les dauphins joueurs et les émouvantes tortues marines, nous avons vécu un rêve éveillé et nous nous sommes sentis tout petit face à cette nature sauvage et grandiose.
Le Choco, c’est aussi des petits villages de pêcheurs, avec des routes en terre et des maisons sur pilotis, des colombiens accueillants et pas stressés pour un sous. C’est du poisson grillé et des patacones à tous les repas (pour le plus grand bonheur de Pierre). C’est Yann et Alix, David et Amélie, Juliette et Pauline, Julie et Youri, des copains de voyage le temps d’une soirée, d’une aventure dans la jungle ou d’une nuit sous les orages à la recherche des tortues. C’est des souvenirs plein le tête et des étoiles plein les yeux.
Comme toutes les destinations de Colombie, le Choco, ça se mérite. Pour y arriver, deux solutions sont possibles : prendre un bus jusqu’à Buenaventura puis un bateau « tape-cul » pendant 8h, ou prendre un avion de Medellin à Bahia Solano. Ça tombe bien, nous sommes à Medellin. Et oui Pauline, il va falloir prendre sur toi et monter dans ce fameux « petit coucou à hélice », l’angoisse totale !
Arrivée à l’aéroport, la tension monte. Le vol n’est pas affiché, normal. On s’enregistre, le sac à dos est pesé car il ne doit pas dépasser 10kg, puis c’est à notre tour de monter sur la balance. Oui oui on a bien compris, l’hôtesse contrôle notre poids, des fois qu’on serait trop lourd pour embarquer ! La couleur est annoncée.
Arrivé sur le tarmac, on découvre l’avion avec effroi (pour Pauline) et excitation (pour Pierre). C’est bien un petit coucou avec une dizaine de places assises et vue sur le cockpit ! Le moteur démarre, les hélices se mettent à tourner, toute la carlingue se met à trembler et on décolle au-dessus de Medellin. L’avion bouge pas mal, on sert les fesses à chaque passage à travers les nuages, puis on aperçoit avec bonheur le pacifique. L’atterrissage se fait en douceur. Dès l’ouverture de la porte, on sent la chaleur humide s’engouffrer dans l’avion. C’est parti pour 5 jours de folie !
Quand on arrive au Choco, tout le monde a un peu la même réaction : poser plein de questions aux autres touristes de l'hôtel histoire de cibler la meilleure sortie/activité au meilleur prix. Parce que des possibilités, il y en a. Nous avons opté pour une sortie multi facettes : sentier El Valle-Utria dans la jungle, le parc Utria, baignade sur une île (Playa Blanca) et retour en bateau pour voir les baleines.
Résultat : sur le sentier, il y a très peu de chance de voir des animaux. Je ne parle même pas du jaguar qui de toute façon ne se montre que la nuit. Pauline a l'œil suffisamment vif pour nous avoir montré un toucan mine de rien. Le parc Utria... Honnêtement on déconseille. C'est une zone protégée, ça c'est cool, mais tu payes 54000 pesos pour voir une vidéo qui te vend du rêve et marches 2 km sur des pontons au dessus de la mangrove, avec à peine 5% de chance de voir autre chose que des crabes.
La Playa Blanca nous a bien plu, la plage et la baignade sont vraiment agréables. Seul bémol, dans notre longue sortie, le temps prévu pour profiter de cette plage était bien court. Séchons nos larmes, c'est pour la bonne cause car nous entrons dans le vif du sujet, la traque de la baleine. Nous avions 1h30 pour voir le maximum de cétacés. Inutile de le dire, nous étions au taquet. Et.... on les a vu. Au dernier moment, lorsque tout espoir semblait perdu, un groupe de 3 baleines accompagné d'un banc de dauphins ont surgi de l’eau. Même si les baleines n'ont montré que leur dos, le spectacle combiné avec les dauphins était inoubliable.
Fort de cette expérience, on s'est dit « banco » on double la mise. On remet ça et cette fois on choisit une équipe de biologistes, soucieux du bien être des baleines et donnant plein d'informations sur ces mammifères et leurs sujets de recherche. Cette fois la sortie dure 4 heures et les guides sont extraordinaires, de vrais passionnés qui sont comme des gamins à chaque fois qu'ils voient une baleine. Bon, on a eu de la chance ce jour là clairement. C'était un véritable festival, nous avons eu la totale. Têtes de baleine, nageoires caudale, pectorale, et une dernière qui nous a fait 11 sauts !! Avec les biologistes, on a même le droit d'écouter pendant 10 minutes le chant des baleines qu'ils enregistrent à chaque fois pour leurs recherches. Vous l'aurez compris, nous avons préféré la sortie avec les scientifiques. Cela pour de multiples raisons, la principale étant le respect de l'animal.

Dans cette région, c’est la pleine saison des baleines mais aussi celle des tortues marines. Elles viennent pondre leurs œufs sur la grande plage de sable gris de 9 km de long, la même plage où elles sont nées des années auparavant (les tortues marines atteignant leur maturité sexuelle vers 30 ans en moyenne).
Tout cela nous intrigue. Le soir venu, alors que la pluie ne cesse de tomber, nous décidons d’aller à leur rencontre avec David et Amélie.
Il est 9h du soir (l’heure à laquelle on se couche habituellement, car ici on vit au rythme du soleil). On se dirige vers la plage. Il fait nuit noire, seul le faisceau lumineux de la lampe de notre guide nous ouvre la marche. On marche longtemps, il est minuit, la pluie s’est arrêtée et le ciel dévoile quelques étoiles au-dessus de nos têtes. On s’assoit au bout de la plage et on attend, bercé par le bruit des vagues déferlant sur le sable. Tout autour de nous, l’horizon s’illumine de couleurs orangées au rythme des éclairs. On adore ce moment complètement hors du temps.
Puis nous nous remettons en marche. Pas de tortue en vue. Il est 1h, c’est l’heure de rentrer. Et comme à notre habitude, c’est au moment où l'on y croit plus que la magie opère. Des traces de nageoires sur le sable nous intriguent, nous les suivons et tombons nez à nez (ou plutôt nez à postérieur) avec une tortue. Nous nous approchons en silence et assistons émus à la ponte de 70 œufs! Une fois le travail terminé et les œufs bien recouverts, la tortue retourne lentement vers l’océan et nous l’accompagnons jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans les vagues. Nous retrouvons notre lit au milieu de la nuit, heureux de cette fabuleuse rencontre.
Il est également possible de voir les bébés tortues rejoindre l’océan après l’éclosion des œufs. Cet événement est bien encadré. Quatre centres ont pour mission de récupérer les œufs des tortues pour les remettre dans le sable à l’abri des prédateurs. Lorsque les œufs ont éclos, les petites tortues sont transportées dans un bac jusqu’à la plage, puis posées une à une sur le sable afin qu'elles rejoignent l’océan. C’est à ce moment qu’il est possible de tenir un bébé tortue. Cette pratique peut paraître bizarre et pas très naturelle. Le responsable du centre nous explique que cela permet de préserver l’espèce. Il y a quelques années, une quarantaine de familles se nourrissaient de tortues marines, à raison d’une tortue par semaine et par famille. Un gros effort a été fait pour sensibiliser la population et les tortues sont aujourd’hui protégées.
Et nous on est trop content parce que les petites tortues sont vraiment trop mignonnes.
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