Rapa Nui - PP et l'île mystérieuse

L’île de Pâques, ou Rapa Nui, fait partie des destinations lointaines perdues au milieu du pacifique qu’il est difficile de rejoindre depuis nos contrées. Durant notre tour du monde, elle est sur notre route alors on ne résiste pas à l’envie d’y faire escale quelques jours. L’île est desservie tous les jours par 2 ou 3 vols depuis Santiago et un vol par semaine vers la Polynésie. En forme de triangle d'une vingtaine de kilomètres de long, elle se visite facilement en une petite semaine.

Avant d'y mettre les pieds, l'idée que nous avions de l’île demeurait assez sommaire. Très isolée, peuplée de Moais et ça s'arrêtait à peu près là. Rien que du point de vue climat, nous ne nous attendions pas à trouver une île aussi tropicale avec des bananiers et des palmiers.

Sur place, nous avons senti la différence avec la Patagonie fraîchement quittée. Il fait chaud, moite, on transpire sans même bouger. L'île a beau être petite, ici, on prend la voiture et rarement le vélo.

D'ailleurs, nous avons partagé le temps d'une journée, une voiture de location pour aller voir les spots les plus éloignés de notre camping avec un couple de français. Augustin et Maud voyagent sur 6 mois. Nous les avions déjà croisé à la frontière Bolivie-Argentine.

Nous pensions que l'île était remplie des fameux colosses de pierre et qu'il y en avait à chaque coin de parcelle. Ce n'est pas tout à fait exact. Le Moai a beau être grand, il faut le chercher. Dressés sur leur Ahu, il existe une dizaine de spots majeurs, dont le plus grand regroupe 15 Moais tous debout. Sur plusieurs sites, les conflits entre les tribus ont causé la chute de nombreux Moais les laissant là, face contre terre au bas de leur stèle. Ils sont positionnés de manière très spécifique, dos à la mer. Les yeux du Moai, originellement dotés de pierres nacrées, concentrent le mana. Cette énergie de la nature est transmise au peuple de l'île via leurs yeux. C'est pour cela que les Moais regardent vers l'intérieur de l'île, là où vivait le peuple Pascua.

L'image que l'on a de cette île avec les Géants à moitié enterrés et entourés de prairie se trouve uniquement au niveau de la carrière Rano Raraku, lieu de production de tous les Moais. Il s'agit certainement de notre lieu préféré sur l'île. A cet endroit, il est possible de voir un Moai encore encastré dans la roche qui ne fut jamais terminé. Bon nombre de théories existent sur le déplacement de ces statues. En tout cas, d'après la légende, si un colosse venait à se briser pendant le transport, la tribu le laissait là où il était tombé et recommençait à zéro, car il avait perdu son Mana.

Pendant notre séjour, le rythme fut plutôt cool, d'autant que la pluie régulière réduisait considérablement les options d'activités. Néanmoins, nous avons pu randonner sur le volcan au sud de l'île afin de voir le village Orongo. C'est le site du fameux rituel de l'homme oiseau. Une fois par an, les plus braves de chaque tribu devaient désescalader 300 m de falaise, nager jusqu'à une petite île pour récupérer le premier œuf de la saison d'un oiseau migrateur.

Nous avons également pu observer à la seconde tentative un coucher de soleil digne de ce nom avec des Moais en premier plan. Par contre, le lever de soleil de l'autre côté de l'île reste un échec cuisant.

Pierre tenait absolument à faire un tour à cheval, s'imaginant galoper les cheveux au vent entre les statues. Malheureusement, notre ballade à cheval nous emmena plutôt en haut du volcan Terevaka, la tête dans les nuages avec une vue quasi nulle. Les chevaux bien dressés obéissaient plus à la voix de leur propriétaire qu'aux cavaliers qui les montaient. Résultat, pour les faire trotter, il valait mieux s'exciter un peu, mais c'était sympa et original malgré tout.

On s'est bien senti sur cette île. Entre les completos du club sandwich hyper copieux et les bons moments partagés avec Maud et Augustin, ce séjour est passé très rapidement.