Argentine - Jeu de cache cache avec le Fitz Roy

Mardi 20 novembre, nous quittons le Chili pour retourner en Argentine. Dans ce sens, nous avons compris que ça se faisait facilement, les bagages ne sont pas fouillés et aucun risque de se faire confisquer des marchandises. Du coup, au petit dej’ à 6h30 on fait le plein: sandwichs jambon fromage et sachets de thé. Le départ du bus est à 7h30, il nous faut 5 bonnes heures pour traverser la frontière et rejoindre El calafate. Comme nous ferons le trajet inverse, on décide de pousser tout de suite au plus loin jusqu'à El Chalten, histoire d'avoir un voyage de retour plus cool. Les bus s'enchaînent bien. Encore 3 heures de route et nous arrivons vers 17h à El Chalten.

L'idée initiale était de prendre 3 nuits en auberge afin de faire deux randonnées à la journée. Après l'épisode humide des Torres, nous voulions éviter le camping. Mais finalement, en arrivant sur El Chalten, on se rend compte que ce petit village est hyper touristique, que la quasi totalité des hôtels sont complets et que la météo des 2 jours suivants s'annonce très clémente. Changement de plan ! Nous passons la première nuit dans une auberge de jeunesse et nous dormirons sous tente pour les suivantes. Ils n'ont plus beaucoup de place alors Pauline et Martine prennent une chambre pour 2 et Pierre partage un dortoir de 4. Ce soir là, le resto que Pauline avait repéré est pris d'assaut. Décidément, il vaut mieux tout réserver à l'avance ici. Au final, on s’explose le bide avec des pizzas et de la bière... Quel drame !

Heureusement, le lendemain, nous reprenons la marche pour éliminer tout ça. Après avoir laissé un sac à l'auberge, nous marchons sur 13 km pour voir le fameux Fitz Roy. Le sentier est super agréable, il fait beau et nous sommes entourés d'une végétation bien verte et de sommets enneigés. Comparé au parc Torres del paine, c'est tellement agréable de pouvoir quitter l'hôtel et de partir directement à pied. Inutile de prendre un bus ou un ferry pour arriver au départ des sentiers.

Un kilomètre avant et 400 m en contrebat du mirador du Fitz Roy, nous plantons la tente au camping Poincenot. Le temps s'est nettement assombri mais nous décidons de tenter notre chance et puis de toute façon, il est 16h et il n’y a rien à faire ici à part marcher. Nous montons et ce qui devait arriver arriva. Pas de visibilité, la neige se met à tomber, nous redescendons sans trop s'attarder.

Après la soirée humide et la nuit froide, nous sommes presque contents de se lever à l'aube pour essayer encore une fois de voir de près le sommet. Le temps est dégagé, ouf, il reste quelques nuages malheureusement scotchés en haut du Fitz Roy mais les pics alentours deviennent tous orangés sous les premiers rayons du soleil du matin. L'instant est saisissant.

Le bout du pic du Fitz Roy, rebaptisé Fritz de Roy par Mamie Matou, ce qui sonne quand même un brin plus Alsacien, reste voilé. Tant pis, nous descendons une nouvelle fois au camping cette fois pour prendre nos cliques et nos claques et aller voir ailleurs. Et surprise, au moment de changer de vallée, alors que le "Fritz" était en train de disparaître derrière d'autres montagnes, les derniers nuages s'estompent nous laissant une vue imprenable sur le tant attendu piton rocheux.

En tout, il y a 12 km pour rejoindre la laguna Torre au pied du cerro Torre. Le campement est juste à côté, la vue est magnifique, il ne nous manque que de l'eau. En effet, la lagune et la rivière qui en découle sont tellement troubles qu'on n'ose pas s'abreuver. Heureusement, en chemin, nous avions repéré un cours d'eau 1,5 km plus tôt. C'est l'occasion de faire un brin de toilette. L'eau reste évidemment très froide (moins de 6°C) mais ça fait un bien fou. C'est facile, il fait beau, le spectacle est insolite, on garde vraiment un excellent souvenir de cet endroit.

Dernier jour de randonnée, il n'y a que 9 km à marcher pour rejoindre El Chalten. Il est 11h lorsque nous atteignons le village et récupérons nos affaires à l'hôtel.

On se prend quelques empanadas et des gâteaux avant de reprendre la route, car nous devons retourner à El Calafate cette après-midi. Une fois au terminal, un bus pour El Calafate nous passe juste sous le nez. Le prochain est dans 3h30... Pas de problème, nous sommes en Patagonie et allons voir si le stop fonctionne aussi bien côté Argentin que Chilien. Enfin de toute façon, on a rien d'autre à faire jusqu'au prochain bus et tout à gagner. On se positionne à un endroit qui nous semble adéquat et on tend le pouce. La voiture est rare et nous sommes 3... 1/4 d'heure, 1/2 heure, rien. Un type nous rejoint avec la même idée en tête. Heureusement, il est sympa, il se place à bonne distance après nous. Ça nous laisse toujours une chance. Et puis bonne surprise, un minivan de location complètement tagué s'arrête. Il s'agit d'un jeune couple de hollandais. "Nous n'avons pas de places assises derrière mais si vous voulez on vous prend." Un peu qu'on veut. Et puis, après un peu de rangement, on arrive à se faire une petite banquette.

Il n'y a pas de fenêtre mais le trajet s'annonce sensationnel, en bonne compagnie. On discute, on écoute de la bonne musique et les 3 heures de route passent très vite. Ils nous expliquent que ça fait un moment qu'ils voient des auto-stoppeurs mais qu'ils n'avaient encore jamais osé en prendre. Et puis, un moment, ils se sont dit « Bon, le prochain qu'on voit on le prend... » On a eu de la chance, c'est clair. Et en même temps, ils ont rentabilisé leur BA puisqu’en un trajet ils aident 3 personnes :).

Super sympas, ils nous déposent en plein centre ville à 5 minutes de notre hôtel, un grand merci à eux.