Incertitudes entre Melbourne et la Great Ocean Road
- Pauline et Pierre
- 18 avr. 2020
- 4 min de lecture
Sur les six jours prévus dans la région de Melbourne, nous restons trois nuits dans la ville avant de louer une voiture pour parcourir la Great Ocean Road. Comme dans toutes les grandes villes, nous nous sommes demandés où s'installer et avons finalement opté pour un quartier résidentiel aux petites maisons en bois. Le centre ville est accessible à pied moyennant 45 minutes de marche. Pour être tout à fait honnête, c'est surtout les trois adorables chats du logement qui nous ont convaincus de s'y arrêter.
Le soleil et la chaleur sont de retour. On en profite pour marcher et arpenter la ville de long en large. Cela nous permet de penser à autre chose qu'à la suite incertaine du voyage et d'essayer de continuer à nous occuper. Mais bien qu’éloignés des pays touchés par la crise et théoriquement isolés, les prémices des conséquences du virus se font sentir. Les musées et cinémas sont déjà fermés. Les écoles commencent à fermer également et les professionnels à faire du télétravail. Mais les bars et restaurants sont toujours accessibles ainsi que les parcs. Nous nous tenons informés de l’évolution de la situation en Australie en discutant avec le couple qui partage notre location et installé à Melbourne depuis un an.
Nous décidons d’abandonner nos plans de voyage en Asie et de rester en Australie. La situation est plus favorable qu’en Europe devenue l’épicentre du virus. On se dit que le plan idéal serait de trouver un volontariat, afin de limiter les dépenses dans ce pays non prévu au budget. Et puis, cela permettrait de s’occuper le temps du lockdown et d’arrêter de circuler un moment. Nous envoyons alors une demande à un refuge pour animaux sur une petite île isolée à 3h de route de Melbourne.
Nous partons avec plaisir le mercredi midi à bord d'une voiture de location pour découvrir la bien connue Great Ocean Road. Cette route côtière sinueuse se situe au sud-ouest de Melbourne et démarre au niveau de la ville de Torquay à une heure de route. La route est très fréquentée en haute saison mais en ce mercredi 18 mars, nous croisons peu de personnes. Nous avons réservé deux nuits à Apollo Bay. Cette petite ville se trouve à peu près à mi chemin de la Great Ocean Road. Avant d’arriver à destination, nous nous arrêtons à Kennett River, un endroit réputé pour observer des koalas. On emprunte un chemin en pente douce qui s'éloigne de la plage et s'enfonce dans une forêt d'eucalyptus. Et dans un virage à quelques mètres de hauteur, dans un arbre, se nourrissent deux koalas. Nous sommes comme des gamins. Par chance, ils sont actifs, bien éveillés, et se baladent dans l'arbre. Nous ne nous en rendons pas encore compte, mais c'est assez rare de les voir d'aussi près et autant en mouvement.
En rentrant le soir, nous découvrons les nouvelles recommandations de l'ambassade de France en Australie. Vue la situation, ils invitent tous les français de passage en Australie à revenir en France rapidement, tant que des vols commerciaux sont encore disponibles. En effet, les compagnies ferment progressivement les lignes aériennes et certaines annoncent même un arrêt total des vols à court terme. Le risque est de se retrouver bloqués en Australie sans ressources, en confinement dans un logement onéreux, de se retrouver en situation illégale car les visas touristiques arrivent à échéance rapidement, de ne pas être couverts en cas de soin car l’assurance ne couvre pas les pandémies, de ne plus être les bienvenus dans le pays. Entre temps, le volontariat nous a également répondu par la négative. Le couple qui aide au refuge a peur qu’on devienne une charge pour eux, sachant qu’ils éprouvent déjà des difficultés d'approvisionnement, et puis ils ont peur qu’on soit porteur du virus et on peut les comprendre. Nous prenons donc la dure décision de rentrer et d'envoyer un mail à Travel Nation, notre agence de voyage, pour prendre un vol le plus rapidement possible vers la France.
Le lendemain, la météo est maussade. La nuit était presque apocalyptique, et il y a encore de la pluie et du vent au réveil. Nous ne sommes pas très motivés pour faire beaucoup de voiture. Du coup, on ne pousse pas jusqu'au site des 12 apôtres, avec ses falaises calcaires et ses pics rocheux, qui marque la fin de la Great Ocean Road. A la place, on se promène autour du phare du cap d'Otway. Construit à partir de pierres fluviales à la moitié du 19ème siècle, il est le plus ancien d'Australie toujours debout.
Un panneau touristique nous indique une réserve naturelle marine à quelques kilomètres où il est possible de voir des lions de mer. Ni une ni deux, on remonte dans la voiture et nous bravons le vent pour tenter d'apercevoir les seals à fourrure. En réalité, les mammifères se prélassent sur une langue rocheuse à quelques centaines de mètres du rivage et difficilement observables. Pauline est un peu nostalgique, observe la mer une dernière fois, cette journée a un triste goût de fin de voyage prématurée.
Nous décidons de rebrousser chemin pour retourner voir les koalas à Kennett river, une valeur sûre ! Encore une fois, nous sommes chanceux. Nous observons une vingtaine de koalas perchés dans des eucalyptus en train de dormir, le derrière bien calé entre les branches.

Ce soir là, nous recevons la réponse de Travel Nation qui nous explique que toutes les places en tarif « tour du monde » sur les vols sont prises et qu'ils ne peuvent plus nous permettre de rentrer directement en France, sachant que de plus en plus de vols sont annulés. Si nous voulons rentrer, la seule option est de racheter un billet en dernière minute sur une des compagnies encore disponibles.
Entre escales impossibles et billets hors de prix, nous passons ainsi une bonne partie de la nuit à chercher un vol retour. Nous achetons finalement un Melbourne-Dubai-Paris avec Emirates prévu le 23 mars à 18h, soit trois jours plus tard. On espère que les vols tiendrons jusque là.
En ce vendredi 20 mars, nous retournons sur Melbourne pour rendre la voiture et pour s'assurer d’être à proximité de l’aéroport. Nous faisons à nouveau halte à Kennett river pour dire au revoir aux Koalas et dans une certaine mesure, pour dire au revoir à notre tour du monde.
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