Chili - A l'extrême sud ou presque

Encore 1200 km plus au sud. Si nous avons trouvé que les températures autour de Puerto Varas étaient presque estivales en plein soleil, cette fois on devrait apprécier toutes nos couches de vêtements. Effectivement, à la sortie de l'aéroport de Punta Arenas, on sent que le fond de l'air est plus frais. Il y a pas mal de brouillard, mais nous voici au fin fond de la Patagonie, au bord du détroit de Magellan, sur "la ruta del fin de mundo", aux portes de la terre de feu. Le cadre est posé, nous sommes là, au bout du monde ou presque.

On arrive en milieu de journée à Punta Arenas et la première mission, comme souvent, c'est de prendre nos quartiers dans une chambre d'hôtes. Nous sommes accueillis par une petite mamie rigolote, la grand mère du propriétaire, qui nous fait la conversation en attendant que son petit fils revienne. On partage les lieux avec une mignonne petite chatte type écaille de tortue. Mamie matou et Pauline ont vite fait de l'apprivoiser.

L'après midi, il faut faire le tour des agences de tourisme pour organiser la sortie du lendemain. Et quelle sortie !!! Nous allons voir les manchots roi. Presque identiques aux empereurs, ils sont juste un peu plus petits. Mais une chose après l'autre, d'abord il faut manger. Il est 15h, nous n'avons rien pris depuis le petit dej’ à 6h30. On tombe sur un café qui sert des pains pita trop bons, super généreux, avec de l'avocat qui déborde et surtout un cheesecake chocolat framboise...mmh un régal. On a déjà prévu d'y retourner 10 jours plus tard quand on reviendra dans cette ville.

Rassasiés, nous passons faire un tour au marché municipal. Tout en hauteur, il concentre des restos de la mer et des boutiques d'artisanat.

Le repas du midi (enfin milieu d'après-midi) nous a tellement calé qu'on saute celui du soir.

Départ à 7h30 le lendemain matin. Un minibus de l'agence fait le "ramassage" pour nous emmener au ferry. "You are mister Peter Wilde?" Pierre acquiesce et nous montons tous dans le minibus. Hum mais il y a un problème nous sommes trois pour une réservation de deux. Qu'est ce que c'est que ces conneries. Décidément avec Martine on n’a pas de chance... Et là il y un autre couple de notre hôtel qui sort et le mec s'appelle Peter Wilde. Sérieux, c'est juste pas le bon bus. Finalement, faut faire attention aux sonorités. A posteriori, heureusement que nous étions trois sinon le quiproquo aurait pu durer longtemps. Bref, 5 minutes plus tard, le bon bus arrive et nous emmène au ferry pour traverser le fameux détroit de Magellan. La traversée dure 2h. Il n’est pas si étroit à cet endroit le détroit. Martine a la chance de voir rapidement des dauphins sauter à proximité du bateau. De l'autre côté, nous accostons en terre de feu, la fameuse, la légendaire terre de feu. Et qu'est ce qu'elle a de si spéciale ? Bah à première vue pas grand chose. Comme de l'autre côté du détroit, il n’y a pas un arbre pour faire pipi derrière, c'est de la plaine avec une végétation très rase. Et surtout pas le moindre feu ou couleur de feu à l'horizon. Alors pourquoi l'appelle-t-on ainsi ? Tout simplement parce que lorsque les colons sont arrivés sur l’île à la fin du 19ème siècle, des tribus indigènes y vivaient déjà. En voyant les bateaux approcher, ils allumèrent des feux pour communiquer entre eux via des signaux de fumée. En voyant tous ces feux s'allumer, les colons donnèrent à cet endroit le nom qu'on lui connaît aujourd'hui.

Maintenant que cette énigme est résolue, il est temps de passer au cœur du sujet de la journée : les manchots roi. Encore 110 km à rouler sur une piste, et puis ça y est, nous y voilà, la seule colonie de manchots roi observable d'aussi prêt sans aller jusque dans l'extrême sud, l'Antarctique.

La colonie regroupe 90 individus environ et s'est installée ici en 2010. Depuis, les agences de tourisme se frottent les mains. Ça reste responsable. Le spectacle s'apprécie depuis des cabanes d'observation situées à une trentaine de mètres des manchots. De plus, ils ont installés des jumelles sur place pour ceux qui comme nous ne sont pas équipés. On a pu voir deux juvéniles qui ont un énorme pelage brun, ce qui les rend encore plus gros que les adultes.

Ça valait le coup en fin de compte de faire cette sortie qui prend toute la journée juste pour pouvoir observer les manchots pendant 1h30. Nous ne sommes pas déçus et acceptons sans broncher les 4h de bus et 20 min de ferry nécessaires pour rentrer. D'autant que la chance est de notre côté. Pendant la traversée, nous profitons de plusieurs dauphins noir et blanc et des manchots de Magellan. Bref, la totale. Nous sommes ravis et trois bonnes pizzas arrosées de bière nous permettent de clôturer en beauté cette belle journée.

Le jour suivant, nous devons rejoindre Puerto Natales plus au nord. Il paraît que dans le sud du Chili, le stop fonctionne plutôt bien. On décide de vérifier cette théorie et comme le dit Mamie Matou "mais ouais, c'est l'aventure !". Alors, ni une ni deux, on choisit un bon endroit sur la route du bord de mer et on tend les pouces. Cinq minutes plus tard, une dame s'arrête au volant d'une toute petite voiture et nous propose de nous emmener 20 km plus loin, un peu après l'aéroport. L'avantage c'est qu'on sera directement sur le route qui mène à Puerto Natales. Par contre, nous n'aurons plus le choix, il faudra aller au bout en stop. OK, confortés par cette première tentative fructueuse on accepte.

On descend, Pauline commence à écrire une pancarte avec notre destination. Elle n'a même pas le temps de la terminer qu'un brave type s'arrête. Il rentre chez lui à Puerto Natales après avoir vu son fils sur Punta Arenas. Décidément, c'est trop facile. La voiture est super confortable et il roule à vive allure. Résultat, on a voyagé gratuitement avec un meilleur service que le bus. Ils sont supers sympas ces Chiliens !